Le cadastre à Beaune en 1730


Lorsque l'on fait le décompte des constructions de ce village, on est un peu surpris de la dénomination employée: il y a presque autant de « bâtiments» que de « maisons» et il est impossible d'en donner la définition. Remarquons que 28 bâtiments se trouvent à Villarentran (Villarzembran), 14 au Plan Villard et 6 aux Avanières.       Les maisons sont situées à Villard Putier (48), à Champioux (7), au Mollard (6) derrière et sous le Mollard (5), à la Buffaz (5) et aux Avanières (5). On dénombre 5 fours et 5 moulins, auxquels il faut ajouter 86 granges et 4 chapelles : Saint-Isidore à Plan Villard et celles de Saint-Félix, du Four et de Villard Putier. L'église est un cas à part, car elle est située au carrefour de trois paroisses (Saint-Michel-de-Maurienne, Saint-Martin-de-la-Porte et Beaune)
Les 76 chefs de feu ont une certaine idée de la communauté, confrontés qu'ils sont à partager le quart de leurs communaux avec les habitants du Thyl, de Saint-Michel et de Saint-Martin-de-la-Porte (sauf ceux situés sur la rive gauche de l'Arc). En effet, ils sont également en indivision pour les fours des villages du Four, du Mollard, de Villard Putier. Ils partagent aussi la fontaine de Plan Villard, la place de Villard Putier, l'église, la chapelle de Saint-Félix, les pâturages de Plan Praz. La répartition des produits communaux sur les fonds de Beaune représente un total de 578 livres 6 sols et 7 deniers répartis de la façon suivante:
- pour Beaune: 17 livres 3 sols 3 deniers;
- pour le Thyl: 271 livres 12 sols;
- pour Saint-Martin-de-la-Porte: 63 livres 2 sols 8 deniers;
- pour Saint-Michel: 11 livres 15 sols 4 deniers;
- pour les communaux que la paroisse possède sur Saint-Martin-de-Belleville: 212 livres 19 sols 3 deniers;
- pour le produit qu'elle possède en particulier: 1 livre 14 sols 1 denier.
Beaune paye la dîme ecclésiastique à raison d'un bichet et demi par quartellée de terre au curé du lieu depuis un temps immémorial.


Tableau des 12 prises de vue de la mappe sarde de 1730 pour la commune de Beaune







Présentation de la mappe de Beaune commencée le 26 juin 1729 et terminée le 31 octobre 1730 
(prise de vue 12)



Source des images : Archives de Savoie 
Estimation
Le territoire de Beaune est divisé en 7 143 parcelles toutes mesurées par les géomètres pendant l'été et l'automne 1729. Comme ailleurs, les indicateurs locaux, Claude et Jean-Michel Plaisance, Jean-Baptiste Assier, Laurent Pascal, Pierre Buffaz et Antoine Dufour, ont participé à l'opération d'arpentage. Opération délicate s'il en est, l'estimation du terrain et des bâtiments fut accomplie sitôt après par l'estimateur d'office Pierre Rey et ceux de Beaune, François feu Gabriel Lazard et Louis feu Jean François Perret. Ces derniers ont défini la valeur des parcelles de terrain en tenant compte de la superficie du journal local qui est de 960 toises de 5 pieds et demie de chambre, lequel pied a 12 pouces. La qualité de chaque fond, leur situation et nomination de mas, degré de bonté de chacun et finalement leurs produits naturels et annuels comme le tout est expliqué par le dit livre.
La référence est le marché de Saint-Michel où les personnes ont l'habitude d'aller vendre et acheter:
- une quarte (de 4 quarts) de seigle est estimée 15 sols;
- une quarte d'avoine: 6 sols;
- un quintal de foin de bœuf: 15 sols;
- un quintal de foin marais de cheval: 8 sols;
- un quintal de foin de pré en montagne et autres: 12 sols;
- une charge de mulet de bois taillis de quartier (pour le feu) : 2 sols;
- une fascine de bois taillissé de feuilles et petit bois de broussaille: 2 deniers.
Elément important de la nourriture ordinaire, les blés de la Saint-Michel (seigle) et les blés de Pâques (avoine et orge) constituent l'essentiel des cultures pour une consommation tournée vers le pain sous toutes ses formes: seigle seul ou mélangé avec de l'orge, de l'avoine et même avec des fèves, un légume très prisé à Beaune. Il semble que l'orge ne soit pas cultivée ici car il n'en est pas fait mention lors des estimes.
Chapelles et confréries
Ici peut-être plus qu'ailleurs, les chapelles et surtout les confréries viennent en aide aux plus défavorisés. Deux chapelles sur quatre possèdent simplement un champ qu'elles doivent louer, mais en revanche, les confréries affichent leur intention d'aider les pauvres de la paroisse. C'est le cas avec la Confrérie de l'Aumône de Pentecôte à Villard Putier qui tire son revenu de trois champs. Mais les œuvres les plus sociales sont sans conteste la Confrérie du Saint-Esprit du Mollard et celle de Villard Putier qui, si elles respectent leurs statuts, doivent subvenir aux demandes des pauvres de Beaune. Elles ne possèdent pas moins de 18 champs de céréales, 18 prés, un bois et des broussailles. Les Confréries du Saint-Esprit de Plan Villard, la Confrérie générale de Beaune et celle du village de Jean Bran n'ont, quant à elles, que 4 champs et quelques prés. Les fondations anciennes, comme la confrérie du Saint-Esprit, avaient pour mission de venir en aide aux plus pauvres de la paroisse. C'était généralement avec « l'aumône de Pâques », qu'elles remplissaient leur mission par une distribution de pain, de vin ou de blé suivant un règlement qui remontait au Moyen Age.

Source : La Maurienne en 1730 d’après le cadastre sarde. Éditions Roux, 2004. Pages 170 à 172.

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Etude des familles d'Epierre de 1622 à 1655

Le château d'Epierre en Maurienne au XVIIIe siècle

Beaune par le père Marcel Falquet