Etude des familles d'Epierre de 1622 à 1655
Introduction : le choix de la période étudiée, les contenus et les limites de l'étude
Contexte historique : trafic et forge, lourde fiscalité, peste, disette, misère et guerres
La route du Mont-Cenis, route obligatoire de Lyon en Italie depuis que François ler avait établi le péage de Suse en 1540, revêtait une importance considérable pour la Savoie.(...) Profits des aubergistes, nombreux dans les villes d'étape, mais aussi des muletiers, petits propriétaires de cinq à douze bêtes en général, qui se groupent sous la direction d'un « conducteur» chargé de rassembler les convois pour le compte d'un entrepreneur. En effet, l'expression « grandes voitures» employée dans les textes officiels qui parlent de la route d'Italie ne doit pas faire illusion. Le moyen de transport ordinaire est non pas la charrette mais le mulet dont le chargement se compose de deux balles de 150 à 200 livres équilibrées de part et d'autres du bât. Ce trafic fait vivre une partie importante de la population de la Maurienne, notamment dans les bourgs muletiers qui se succèdent de La Chambre à Lanslebourg. (...)
Autre chance de la Savoie, un sous-sol relativement riche, notamment en
fer, plomb et cuivre, les
gisements les plus exploitables se situant en Maurienne, Tarentaise et
Faucigny. (...) Il est impossible de connaître
l'importance et le succès de ces diverses entreprises. Nous sommes un peu mieux
renseignés sur la plus
importante d'entre elles, fondée par Noble Jean-Baptiste Castagnery, de
Turin, tout d'abord fermier de la traite des sels de Provence, qui, en
1606, reçoit en emphytéose du marquis de La Chambre toutes les mines de fer
nécessaires aux fonderies à établir à Urtières, L'Huille, etc., et la coupe des
bois à raison de deux ducatons par heure de coulée. Le 18 octobre 1610,
il obtient du duc un privilège de dix ans pour l'introduction à Argentine
d'un artifice pour fabriquer le fil de fer, le laiton et le fer blanc. Son
entreprise ayant prospéré, il demande en 1612 un autre privilège pour fabriquer
l'airain, le soufre et le vitriol. Avec son fils, Pierre-Antoine, il
poursuit ses fabrications et obtient en 1627 le renouvellement de ses
privilèges et un don du trésor de 2 500 ducatons. Dès lors, la famille
Castagnery entre dans la haute magistrature et les offices de finances: Pierre-Antoine
devient successivement contrôleur des guerres deçà les monts, président au
Sénat, général puis surintendant des finances. L'activité de maître de forge
n'a donc contribué que pour une part à la formation de cette fortune, à côté de
la ferme du sel et des offices. (...)
Placée à un des carrefours du transit international, la Savoie n'en recueille finalement que des miettes et de petits profits, faute de pouvoir insérer dans ce flux les produits d'une industrie prospère. « En dehors des aliments, la Savoie ne produit pas autre chose qu'un peu de chanvre qui sert à la fabrication de torchons et de toiles qui s'exportent ... », écrit l'ambassadeur vénitien Morosini en 1570. (...)
Ce
sous-développement économique tient pour une bonne part au manque de capitaux. Les rapports officiels comme les correspondances
privées se plaignent amèrement de cette rareté du numéraire et l'attribuent à
la fiscalité qui draine en Piémont une grande partie du produit des tailles et
gabelles. II est certain que le système fiscal
inauguré sous Emmanuel-Philibert s'est révélé de plus en plus écrasant et
qu'il faut attendre la seconde moitié du XVIIe siècle pour voir les impositions
s'alléger quelque peu. En 1565, les comptes du trésorier général de Savoie
accusent une recette de 194 661 livres, y compris le produit de la commutation
de la gabelle du sel. En 1619, la recette monte à 1 289 392 livres pour les
trois quartiers de mars, juin et septembre, c'est dire qu'on peut l'estimer à
environ 1 720 000 livres pour l'ensemble de l'année, et le bilan de 1634
prévoit une recette de 2 017 572 livres. Les
impositions ont alors décuplé par rapport
aux premières années du règne d'Emmanuel-Philibert. En 1639, année où la
régente Christine de France, chassée de Turin par ses beaux-frères, est obligée
de chercher refuge à Chambéry et à Montmélian et où, par conséquent, un effort
spécial est demandé à la Savoie, la recette atteint
le chiffre énorme de 3 472 657 livres, comprenant il est vrai divers
emprunts contractés auprès de particuliers. Vers la fin du XVIIe siècle la
fiscalité redevient un peu moins lourde: en 1670, la recette n'atteint plus que
1 452 270 livres. Aux tailles ordinaires et à la gabelle du sel s'est ajoutée
en effet une série d'impositions nouvelles: les tailles extraordinaires qui, en
dépit de leur nom, sont levées tous les ans mais pour un nombre de quartiers
plus ou moins considérables, les décimes et les ustensiles destinés à
l'entretien des troupes et qui ont remplacé, théoriquement, les réquisitions
militaires. En additionnant ces différents impôts, on constate que les
habitants de la Savoie qui payaient quatre quartiers de tailles en 1565, en
payèrent onze en 1619, douze en 1634, seize en 1639 et neuf en 1670. (...)
La peste frappa la première. A vrai dire, la contagion comme on disait alors, car il ne s'agit pas toujours d'une véritable peste, régnait à l'état endémique, mais elle se réveille par grands accès meurtriers dès le milieu du XVe siècle: en 1564-1565 elle sévit dans toute la Maurienne; en 1577, 1587 et 1596 elle éprouve Chambéry; en 1598-1599 elle atteint de nouveau la Maurienne, vallée particulièrement exposée sur le grand passage de France en Italie; en 1615 elle menace la Savoie du nord. L'accès le plus meurtrier se produisit en 1629-1630 et s'étendit à toute la Savoie ainsi qu'aux provinces voisines. Le nombre des décès nous est connu avec exactitude pour la Maurienne: 3 403 pour une population d'environ 40 500. En 1639-1640, le fléau sévit encore en Tarentaise, puis il sembla s'écarter de la Savoie, qui ne sera pas touchée par la peste de Provence de 1720. (...)
Mais la peste entraîne aussi avec elle l'arrêt de l'activité économique, la disette et la misère. Par suite des interdictions de circuler, le grand transit, le commerce local et les foires sont interrompus. (...) Dans une économie de subsistance, une mauvaise récolte causée par des gelées tardives ou des pluies trop abondantes au moment de la moisson suffit à provoquer la disette. Pour ne parler que du XVIIe siècle, 1615-1616, 1621-1622, 1628-1632, 1641-1645, 1649-1653, 1661-1662, 1674-1675, 1678-1680 constituent des années de grande « cherté » où les prix du blé montent en flèche. La période 1628-1631 est particulièrement révélatrice. La médiocre récolte de 1627 amène le renchérissement dès mars 1628 : sur le marché d'Annecy la coupe de froment, qui valait entre 9 et 12 florins de 1624 à 1627, monte brusquement à 17 fl. pour atteindre 22 fl. en octobre. La population mal nourrie offre une proie facile à la peste qu'amène le passage des troupes; en mars 1629 la coupe de froment atteint 24 fl., puis le marché est interrompu durant la contagion. Peste, famine, occupation étrangère, tout concourt à réduire la récolte de cette année terrible, aussi en 1630 les prix atteignent-ils leur niveau record: 28 fl. en mars, 46 fl. en juin, 34 fl. en octobre. En 1631 les prix ne baissent que lentement: 40 fl. en mars, 30 fl. en juin, 21 fl. en octobre, pour ne reprendre leur niveau normal qu'à la fin de 1632. En 1649, la Chambre des comptes signale que la disette consécutive à la mauvaise récolte a fait plus que doubler le prix du blé et que les pauvres meurent de faim (...).
De fait, la Savoie qui avait été épargnée durant le règne d'Emmanuel-Philibert va connaître durant les cinquante ans du règne de son successeur, Charles-Emmanuel Ier (1580-1630), douze années de guerre sur son sol et deux occupations totales en 1600 et 1630. Ambitieux et intrigant, le nouveau duc, à la faveur des guerres civiles de France, s'était donné pour but de reconquérir Genève et le pays de Vaud et de reconstituer à son profit, avec l'aide de l'Espagne, le royaume de Bourgogne, voire d'accéder au trône de France. (...) La Maurienne en fut particulièrement éprouvée (...). Ces manœuvres aboutirent à une seconde invasion générale de la Savoie par la France en 1600.(...) S'estimant joué par la France, il revint à l'alliance espagnole lors de la seconde guerre de Montferrat, ce qui entraîna une nouvelle invasion de la Savoie par les armées françaises. En mai 1630, Louis XIII parti de Grenoble occupait sans difficulté la Savoie tandis que toutes les places du Piémont tombaient les unes après les autres. Le 26 juillet Charles-Emmanuel mourait à Savigliano et son fils, Victor-Amédée ler ne put que signer le traité de Cherasco qui lui rendait ses Etats agrandis de quelques bourgades du Montferrat, mais il devait céder la forteresse de Pignerol à la France et s'aligner sur la politique française de lutte contre la Maison d'Autriche. Désormais la Savoie sera préservée de l'invasion étrangère jusqu'en 1690, mais elle devra contribuer par les impôts et les logements de troupes aux hostilités qui se prolongeront en Italie entre la France et l'Espagne jusqu'au traité des Pyrénées en 1657.
Source : La Nouvelle Histoire de la Savoie, sous la direction de Paul Guichonnet, éditions Privat, 1996, pages 181 à 188.
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Chronologie : Quelques dates repères pour la Savoie et pour Epierre
1553-1580 : Règne du duc Emmanuel-Philibert
Le duc Emmanuel-Philibert succède à son père, Charles III, mort le 17 août 1553. Son règne est caractérisé par trois épisodes : la victoire de Saint-Quentin (1557) ; le traité du Cateau-Cambrésis (1559) et le transfert de la capitale de Chambéry à Turin (1562).
10 août 1557 : Victoire de Saont-Quentin
Lorsqu'il reçoit la couronne ducale en 1553, le jeune Emmanuel-Philibert n'hérite que des lambeaux de territoires libres de l'occupation française. En tant que chef de guerre, surnommé "tête de fer", il remporte la bataille de Saint-Quentin contre les troupes françaises du roi Henri II, comme général en chef des armées impériales de son cousin, le roi Philippe II d'Espagne, successeur de Charles Quint.
25 avril 1559 : Traité du Cateau-Cambrésis
Le traité du Cateau-Cambrésis restaure les États de Savoie y compris la Bresse, le Bugey et le Pays de Gex, et donne au duc pour épouse la fille de François Ier, la princesse Marguerite de France (1523-1574), sœur du roi Henri II.
18 avril 1561 : recensement pour la consigne du sel à Epierre
Le recensement comptabilise pour Epierre 57 feux soit 187 personnes. En y ajoutant les 4 serviteurs et 8 chambrières on arrive à 199 personnes. Epierre est une petite commune parmi les 66 communes de la province de Maurienne qui compte en 1561 39 963 habitant. Est également recensé le bétail prenant sel : Epierre compte 101 vaches, 23 monges, 5 veaux, 202 chèvres, 243 brebis.
12 décembre 1562 : Transfert de la capitale de Chambéry à Turin
15 mars 1566 investiture du fief d’Epierre
Jean II, marquis de La Chambre reçoit l'investiture du fief d’Epierre
25 septembre 1571 : Visite pastorale de l’évêque de Maurienne à Epierre
Procès-verbal rédigé en latin de la visite pastorale de l’évêque Pierre de Lambert le 25, Aymé Balterens est curé d’Epierre.
14 novembre 1576 vente du fief d’Epierre
Jean II, marquis de La Chambre vend pour le prix de 34 000 florins et 400 florins d'épingle, à François et Jean Brunet et Louis de La Rochette, qui prêtèrent hommage, pour Épierre, le 29 novembre 1576. Bien que, par son contrat du 21 janvier 1588, Claude de Saulx, femme de Jean-Louis de Seyssel, s'engage à reprendre Épierre, cette baronnie paraît être restée aux Brunet. Pierre de Tignac, époux d'Antoinette Brunet, fille d'Etienne, s'intitule baron d'Épierre, en 1594.
1580-1630 : Règne de Charles-Emmanuel Ier
Le duc Charles-Emmanuel Ier, succède à son père, Emmanuel-Philibert de Savoie, mort le 30 août 1580, à Turin.
1597 : Occupation de la Maurienne par Lesdiguières. l’Église d’Epierre est brûlée
L’église d’Epierre, située au-dessus du château, fût brûlée par Lesdiguières, lieutenant-général du roi de France en Dauphiné, en 1597. Elle était encore couverte de chaume quand elle fut visitée par Mgr Millet, en 1607.
6-8 mars 1598 : Occupation du Mont à Epierre et bataille de Cuines
Le Mont, lieu-dit d'Epierre, est occupé en 1598 par Bertrand de Seyssel, marquis de la Serraz, avant la bataille de Cuines. La petite plaine entre Sainte-Marie et Saint-Etienne-de-Cuines voit la victoire des troupes ducales de Charles-Emmanuel sur les troupes françaises de Créquy qui est obligé de se rendre. Le 2 mai la paix fut signée à Vervins.
1600-1601 : La guerre franco-savoyarde et le traité de Lyon
Le 14 août 1600 Henri IV déclare la guerre à la Savoie. Sous les ordres du maréchal de Biron, le futur connétable de France, Lesdiguières commande les troupes françaises qui pénètrent en Savoie. Tandis que le premier se rend maître de Bourg-en-Bresse et du Pont-d'Ain, le second s'empare de la ville de Montmélian, puis Sully assiège la citadelle du bourg. La ville de Chambéry est assiégée ainsi que Conflans qui est démantelé, les archives sont brûlées, différents châteaux et églises sont saccagés. Sully et Henri IV s'investissent personnellement et contraignent Charles-Emmanuel à signer le Traité de Lyon le 17 janvier 1601. Le duc paye 300 000 livres pour les frais de la guerre et conserve le marquisat de Saluces. Henri IV rend les places conquises en Savoie mais le royaume de France annexe définitivement la Bresse, le Bugey, le comté de Gex, le Valromey, plus tout le cours du Rhône depuis sa sortie de Genève.
24 août et 13 septembre 1626 : Actes de reconnaissance au château d’Epierre
Le titre de baron d’Epierre est aussi porté par Gabriel de La Villane, époux de Jeanne-Louise Brunet, fille et héritière de Jean Brunet. Des actes de reconnaissance sont reçus au château d'Epierre par le notaire ducal Claude de Duingt, de la ville de La Chambre , en qualité de commissaire rénovateur des extentes et reconaissances en la baronnie d'Epierre , on est sûr que les Lavillane furent feudataires des comtes de La Chambre.
1630 : La Savoie ravagée par la peste et l'invasion des armées de Louis XIII
Le duc Charles-Emmanuel Ier participe à des conflits locaux en Italie et pratique une politique de bascule entre la France et l'Espagne. Le duc, après avoir longtemps négocié avec les émissaires de Richelieu, décide de rompre son alliance avec la France et prend le parti de l'Espagne. La réaction de Louis XIII est immédiate : à la tête d'une nombreuse troupe, il envahit la Savoie et rentre triomphalement à Chambéry le 17 mai 1630. Le duc Charles-Emmanuel Ier, vieillissant et probablement atteint de la peste, est mort en pleine campagne militaire, le 26 juillet 1630 à Savillan, laissant à son fils, Victor-Amédée Ier, une succession désastreuse.
Juillet 1630 : Louis XIII et Richelieu en Maurienne
Le lundi 1er juillet, Louis XIII est à Aiguebelle, où le cardinal vient le rejoindre. Le mardi 2, le roi tient conseil le matin et décide de passer quelques jours en Maurienne. Le cardinal partit le même jour pour Suse, le roi s’éloigna également d’Aiguebelle, où sévissait la peste, pour aller coucher à Argentine. Le 3, le roi apprit que le cardinal, au lieu de passer en Italie, avait décidé de s’arrêter à Saint-Jean-de-Maurienne, où il devait recevoir, le lendemain, la visite de Julio Mazarini. Le roi alla également coucher à Saint-Jean. (…) Le samedi 13, le roi se trouve mal et prend médecine (…). Le vendredi 19, le roi eut bien fort la fièvre et disait que, si on le faisait demeurer davantage à Saint-Jean-de-Maurienne, on le ferait mourir. (…). Le 24 juillet, le roi résolut de quitter l’évêché de Saint-Jean où il était logé. Il partit le lendemain 25 et vint coucher à Argentine « où tout était plein de peste » : on fut contrait de coucher dans les prés. Le roi se dirigea ensuite vers Lyon pour y retrouver sa mère et la reine Anne. (…) Richelieu restera encore un vingtaine de jours à Saint-Jean-de-Maurienne, bravant l’épidémie et se livrant à un travail opiniâtre.
1630-1637 : Règne du duc Victor-Amédée Ier
6 avril 1631 : Traité de Cherasco
Le duc de Savoie renonce au duché de Montferrat et doit céder Pignerol à la France. En contrepartie, il obtient la libération de son pays.
11 juillet 1635 : Traité de Rivoli
Victor-Amédée Ier cherche à rester neutre, mais en 1635, Richelieu l'incite à se prononcer pour la France. Le traité de Rivoli réunit contre l'Espagne à la fois la France et les ducs de Savoie, de Parme, de Modène et de Mantoue. Le duc de Savoie marche sur la Lombardie avec les troupes françaises, mais il meurt soudainement à Verceil le 7 octobre 1637.
1637-1648 : Régence de Christine de France
La régence des États de Savoie est assumée par Christine de France, duchesse de Savoie et sœur de Louis XIII, elle obtient son soutien contre ses deux beaux-frères, les princes Thomas de Savoie-Carignan et Maurice de Savoie qui revendiquent le duché.
18 octobre 1643 : albergement d’un parcelle au curé d’Epierre par le baron d’Epierre
En 1643, Noble Gaspard de La Villane, fils de Gabriel, alberge à messire Benoît Perrin, prêtre, curé d'Épierre, le cours d'eau qui tombe par le milieu du village de l'église dudit Épierre.
1638-1675 : Règne du duc Charles-Emmanuel II
Le duc Charles-Emmanuel II de Savoie, né en 1634, succède à l'âge de 4 ans, à son frère François-Hyacinthe de Savoie, mort à l'âge de 6 ans, le 4 octobre 1638, à Turin. Sa mère, Christine de France va assumer la régence des États de Savoie jusqu'en 1648. Puis, à la demande de son fils, elle continuera à gouverner le pays jusqu'à sa mort, survenue en 1663. Par la suite, le duc Charles-Emmanuel II va gouverner ses États sous l'influence politique du Roi Soleil. Le duc épouse en 1665, en secondes noces, Marie-Jeanne-Baptiste de Savoie-Nemours , descendante de la branche cadette apanagée de la dynastie de Savoie, dernière héritière du duché de Genevois. Par cette alliance, Charles-Emmanuel II a obtenu la réintégration du duché de Genevois et de sa capitale, Annecy, dans le duché de Savoie.
20 octobre 1658 Enterrement de Paule Lanfrey à Epierre
Paule Lanfrey, veuve de Gaspard (de La Villane), prend le titre de baronne d'Épierre. Ce fut peu après cette dernière date que la baronnie et le château furent vendus à Emmanuel de Ville, conseiller d'État, par Gaspard de Verdon et Melchiotte de Tignac, baronne d'Épierre.
6 septembre 1676 : Vente du château et des terres du fief d’Epierre
Emmanuel de Ville vend aux habitants du village d'Épierre le château, les terres, bois, servis, rentes, etc., ne se réservant que le titre et les droits de baron d'Épierre, ainsi que la faculté de mettre des officiers de justice ; cette vente est consentie pour le prix de 27,000 florins de Savoie. La communauté d'Epierre acquiert ainsi le haut fourneaux et les usines qui "de temps immémoriaux" existaient dans la Combe du Plan du Tour, gorge immense d'où sort le torrent.
Fonderie et clouterie à Epierre
L’importance de l’activité minière et métallurgique est liée à la présence de deux ressources abondantes en montagne : l’eau et le bois. Sans elles, impossible de transformer du minerai en métal. Canalisée par des barrages et des dérivations, l’eau entraîne des roues hydrauliques qui créent de l’énergie et rendent les tâches moins pénibles. De la montagne de la Lauzière coulent deux torrents (des Fabriques et des Moulins) dont la chute allait faire la prospérité d'Epierre après avoir causé aussi plusieurs fois des ravages par leurs débordements. Le bois est quant à lui indispensable pour produire le charbon destiné à alimenter les fours. Parfois, plusieurs années sont nécessaires pour rassembler assez de charbon pour une coulée. Le développement des haut-fourneaux au XVIe siècle place le combustible au cœur des enjeux liés à la métallurgie. (…) Le charbonnage du bois se pratiquait sur place en liaison avec les fonderies dont l'activité nécessitait aussi l'apport des combustibles venant des communes environnantes. Le pont en bois sur l'Arc, dit Pont des Chèvres, non loin de l'Etraz était solidement construit pour permettre le transport du minerai des Hurtières et le charbon de bois. Casalis rapporte que cet ouvrage, si utile, était entretenu par la commune d'Epierre et les six autres communes qui en profitaient. A l'époque c'était le seul moyen de traverser l'Arc (…) La raréfaction du bois en Basse Maurienne avec l'épuisement des forêts avoisinant les mines des Urtières, conduit Epierre, siège de leur fonderie primitive, au XVIIe siècle à travailler son fer à Saint-Rémy pour épargner les bois à sa portée. D'après Duboin, cette fonderie aurait déjà existé au IXe s., il est toutefois difficile avant le XVIIe siècle d'en connaître les traces précises. (…) Une des activités dérivées des fonderies, ancienne elle aussi en dehors des forges d'acier de cémentation, était la clouterie qui avait fait la réputation d'Epierre et occupait la majeure partie des habitants. L'apprentissage du cloutier durait un an et coûtait six ducatons. L'apprenti avait le droit à la nourriture et au logement chez le maître.
Sources de la chronologie : encyclopédie Wikipédia, Histoire de La Maurienne d'Adolphe Gros, Histoire des communes savoyardes, 1982, et autres références.
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Variations et comparaisons de la population d'Epierre de 1622 à 1655
Au recensement pour la gabelle du sel du 18 avril 1561, la population d'Epierre comptait 57 feux et 199 habitants, soit en moyenne 3,5 habitants par feu. Cela en faisait une petite commune au regard des 66 communes formant la province de Maurienne*. Presque un siècle plus tard, la population d'Epierre a considérablement augmenté, puisque cette étude avance l'estimation de 416 habitants au 4 avril 1655. Cette estimation est probablement un peu sous-estimée, car les identités du personnel domestique des familles (servantes et valets) ne sont pas connues par le dépouillement des actes paroissiaux, ces domestiques représentaient 5% de la population au recensement de 1561 et 3,1% au recensement de 1688. En retenant 3% comme base de calcul, cela ferait environ 13 personnes de plus à rajouter au total. Il est aussi possible que quelques personnes soient restées invisibles dans les actes paroissiaux en se trouvant systématiquement dans les périodes d'absence de registres qui représentent 17 années sur 33. On retiendra arbitrairement le chiffre de 11 personnes, soit environ 2,6% du total. En cumulant ces deux sources de sous-estimation, on obtient 416 + 13 + 11 = 440 habitants, estimation haute de la population d'Epierre en 1655, ce qui représente une multiplication par 2,2 de la population depuis 1561 ou une augmentation moyenne de 0,84% par an pendant 94 années.
* Pour plus de détail sur le recensement de 1561 consultez l'ouvrage : Les noms de famille mauriennais. Origine et localisation d'après le consigne du sel de 1561, éditions Roux, décembre 2000 ; et l'article sur ce blog Quatre recensements à Epierre.
Les actes paroissiaux disponibles sur 16 années d'avril 1622 à avril 1655 donnent une vue partielle des variations de la population d'Epierre sur la période. Le stock de population mesuré à une date donnée varie en fonction de deux types de flux démographiques : les flux naturels et les flux migratoires. Les nombres de baptêmes et d'enterrements annuels permettent d'approcher les nombres de naissances et de décès, mais ils ne sont pas identiques, car les enregistrements sont imparfaits. Il n'est donc pas possible de calculer un solde naturel (naissances - décès) fiable pour suivre les variations de la population de 1622 à 1655. De plus, les flux migratoires et donc le solde migratoire sont inconnus, on ne peut avoir que quelques données à travers les mariages quand l'un des conjoints, ou les deux, viennent d'autres communes. Il s'agit alors d"immigrants" au sens démographique, mais ceux qui viennent pour travailler à Epierre ou ceux qui en partent pour vivre et travailler ailleurs, les "émigrants", sont inconnus. Or ces flux migratoires ne sont pas négligeables, la présentation historique et la chronologie ci-dessus ont montré l'importance des activités artisanales à Epierre qui attirent de la main d’œuvre, et inversement il faut tenir compte des flux traditionnels de migrants savoyards qui partent vivre ailleurs.
L'analyse des flux démographiques sur les 16 années disponibles montre d'importantes fluctuations d'une année sur l'autre (graphique et tableau). Pour saisir des tendances, on a calculé des moyennes en découpant les 33 années en deux sous-périodes : 1622-1636 qui correspond aux trois premiers curés et qui englobe l'épidémie de peste, il y a ensuite une absence de registres pendant 8 ans de mai 1636 à avril 1644, 1644-1655 qui correspond au ministère du curé Benoît PERRIN. Une dernière colonne dans le tableau permet une comparaison avec les données des 33 années suivantes 1656-1688. Les écarts considérables entre les deux périodes interrogent sur la fiabilité des données, car même en tenant compte de l'augmentation de la population d'Epierre de 1622 à 1688 et d'une possible augmentation de la natalité, il est surprenant d'observer une augmentation de plus de 50% des baptêmes qui passent d'une moyenne de 11,5 à 18. Il est encore plus douteux de constater un triplement des décès qui passent de 6 à plus de 18. Il est possible d'avancer plusieurs explications : sur la période 1622-1655, la sous-estimation des baptêmes peut venir de la non déclaration par les curés des enfants baptisés à la maison par la sage femme en cas de péril mortel*. Cette sous-estimation se répercute également sur les enterrements en y rajoutant la pratique du nourrissage qui contribue à une forte mortalité infantile. Le tableau présente la répartition des sépultures entres adultes et enfants, il faut entendre "enfants" au sens large, pas seulement les moins de 5 ans, mais tous les mineurs de moins de 25 ans déclarés "fils de" ou "fille de" dans les registres. Le tableau montre que sur la période 1644-1655, le curé Benoît PERRIN ne déclare pas les enterrements des jeunes enfants, car dans le détail sur 6 années le % est nul, et la moyenne n'est que de 18,5% contre 62,2% et 54,3% sur les autres périodes. Il résulte de ces considérations que le solde naturel calculé sur la période 1622-1655 est considérablement faussé, une augmentation de la population d'Epierre de 5 à 6 personnes par an est très largement surestimée. La période suivante de 1656 à 1688 où 26 années sur 33 sont disponibles montre au contraire un solde naturel nul, voir légèrement négatif, ce qui semble plus réaliste au regard des données démographiques historiques**.
* "L'usage, en cas de péril, est d'ondoyer l'enfant à la maison, ce dont les mères sages se chargent elles-mêmes. Si tout va bien, le baptême a lieu à l'église dans la huitaine qui suit la naissance, règle théorique susceptible d’accommodements. Le parrain et la marraine appartiennent souvent à l'entourage, grands-parents, frères et sœurs, cousins, voisins, mais on cherche parfois un parrainage de protection en sollicitant le notaire ou le seigneur. (...). Le jour de la naissance, au plus tard le lendemain, les familles nobles et bourgeoises, mais aussi les parents de condition plus modeste, petits marchands ou artisans, confient le nouveau-né à la nourrice qui l'emporte chez elle après le baptême. (...). L'hygiène et les conditions du nourrissage sont évidemment déplorables, seuls en réchappent les individus les plus robustes". Source : La vie quotidienne en Savoie aux XVIIe et XVIIIe siècles. Jean et Renée Nicolas, éditions la Fontaine de Siloé, 2005, pages 129 et 132.
" Pendant deux siècles au moins, du milieu du XVIIIe siècle à la Seconde Guerre mondiale, l'ensemble de la région alpine a connu des taux de fécondité et de mortalité remarquablement similaires et significativement plus bas que les régions de plaines environnantes. Les taux bruts de natalité dépassaient rarement 30 pour mille alors que les taux de mortalité variaient entre 22 et 28 pour mille. Le contraste est frappant avec le régime de forte pression de la plupart des régions de plaines adjacentes, dont les taux bruts de natalité et de mortalité pouvaient facilement atteindre 35 ou même 40 pour mille." Source : Pier Paolo Viazzo, Les modèles alpins de mortalité infantile in Annales de démographie historique, 1994, page 97.
" On note une relative surmortalité dans les villes savoyardes. Avec des taux de 30 ‰ dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle, cette mortalité est inférieure à celles des autres villes européennes (35 à 40 ‰), mais largement supérieure à celle des campagnes (20 à 26‰). Les villes génèrent de la mortalité « ordinaire » à cause de l’entassement, des logements insalubres, de l’hygiène publique inexistante, de la pollution de l’eau et de l’ignorance face à la maladie. La mortalité est exacerbée en temps de crise, en particulier lors de l’accès de peste en 1630 ou au moment de l’occupation française dans les années 1690. La mortalité infantile est importante, surtout chez les enfants mis en nourrice. La pauvreté accroît les risques. " Source : La Vie Urbaine en Savoie du XVIe au XVIIIe siècle, par Dominique Bouverat professeur d’histoire-géographie, docteur en histoire de l’université Lumière Lyon II. Conférence du 23 mars 2015, page 29/34.
Du côté des mariages, les moyennes annuelles sont également biaisées. Sur les 16 années de registres disponibles de 1622 à 1655, on ne connait que 46 mariages, 16 pour la sous-période 1622-1636, ce qui donne une moyenne de 2,29 mariages par an, et 30 pour la sous-période 1644-1655, ce qui donne une moyenne de 3,33 mariages par an. Si l'on compare avec la période suivante de 1656-1688, on passe à une moyenne de 4,81 mariages par an (tableau). La tendance serait à une forte augmentation du nombre de mariages, puisque la moyenne fait plus que doubler sur l'ensemble des périodes. Il faut fortement modérer cette augmentation : sur les 17 années sans registres de 1622 à 1655, on a estimé à partir de la connaissance des couples existants à 89 le nombre de mariages dont on ne connait pas la date. Si on ajoute ces 89 mariages estimés au 46 mariages enregistrés, on obtient un total de 135 mariages pour les 33 années de la période 1622-1655, soit une moyenne de 4,09 mariages par an. On est plus alors sur un doublement de la moyenne, mais sur une augmentation de l'ordre de 20% qui peut s'expliquer par l'augmentation de population liée à l'afflux de jeunes personnes qui se marient à Epierre (nous avons vu que le solde naturel est nul sur la période 1655-1688. L'augmentation de population de 440 habitants en 1655 à 483 habitants en 1688 ne s'explique que par un solde migratoire positif).
Après l'analyse des moyennes, si on passe à l'analyse des fluctuations annuelles du graphique, les observations restent largement sans explications. Le nombre de baptêmes varie entre 8 et 14 par an, il est corrélé à la fluctuation des naissances annuelles sur la période. Nous avons expliqué plus haut, que le nombre d'enterrements sous-estimait le nombre de décès, mais malgré les défauts d'enregistrements, on observe bien les années de surmortalité. En période ordinaire, les enterrements varient de 2 à 4 par an, mais on observe deux pointes sur le graphique : d'avril 1629 à mai 1630, on monte à 17 enterrements, et d'avril 1651 à mai 1654, on monte à 18 enterrements. La première pointe est incomplète car malheureusement, le registre d'Epierre pour l'année synodale 1630-1631 n'est pas disponible, il est perdu ou il n'a peut-être jamais existé, car l'économe Etienne TORNA qui fait office de curé d'Epierre l'année précédente, est probablement parti se réfugier dans sa paroisse familiale pour fuir la forte épidémie de peste qui accompagne l'invasion de la Savoie par les armées de Louis XIII (chronologie). Comme on dispose des registres de 52 paroisses sur les 66 composant le diocèse de Maurienne, une étude* a calculé que le nombre de décès en 1630 était de 3403 pour une population totale de la province de Maurienne d'environ 40545 habitants. Cela donne un taux de mortalité de 8,4% (84‰), largement au-dessus du taux "normal" de l'ordre de 3% (30‰). Pour estimer le nombre de décès à Epierre l'année 1630-1631 marquée par la peste, il faut d'abord disposer d'une estimation de la population à cette date. En partant des 199 habitants de l'année 1561 et en appliquant le taux de croissance annuel moyen de 0,8423% vu plus haut, on obtient 68 années plus tard l'estimation de 352 habitants en avril 1629. On dispose des taux de mortalité en 1630-1631 pour des communes proches d'Epierre** : le foyer de peste le plus catastrophique en Basse-Maurienne se trouve à Aiguebelle qui compte 208 décès de mai à septembre 1630, l'épidémie se concentrant sur les trois mois de juillet-août-septembre. L'enregistrement des enterrements s'arrête ensuite, le curé étant probablement mort. Pour Aiguebelle, dont la population est estimée à 469 habitants, cela fait un taux de mortalité de 44,3% ! Il n'y a que Modane en Maurienne qui dépasse ce niveau, avec un taux de mortalité de 48,4%, soit pratiquement la moitié de la population décédée. Ces deux cas extrêmes ne s'appliquent pas à Epierre, par contre on peut utiliser comme base de calcul un taux de mortalité de 5 % comparable à ceux de Saint-Léger 4,3%, La Chapelle 5,3%, Saint-Georges-d'Hurtières 4,9%. Cela donne une estimation de 18 décès pour 1630-1631. Si on applique le taux de mortalité de 8,4% représentatif de l'ensemble de la Maurienne, on obtient environ 30 décès pour Epierre. On ne connait malheureusement pas le taux de mortalité de la commune d'Argentine, voisine au nord d'Epierre où le foyer de peste était important, mais si on retient un taux de 11,3% comparable à ceux plus au sud de La Chambre 11,5%, Saint-Martin-sur-la Chambre 10,9% et le Châtel 11,6%, on arrive à environ 40 décès. En résumé, dans l'hypothèse basse de 18 décès, on reste à un niveau comparable à celui de la pointe graphique de 1629-1630, mais dans l'hypothèse haute de 40 décès, la pointe fait plus que doubler entraînant une baisse importante de la population. Pour les deux années, le solde naturel est négatif, si on retient comme hypothèse seulement 7 naissances en 1630-1631, les bébés étant reportés dans le temps en période d'épidémie, dans l'hypothèse basse, le solde est de (10+7) - (17+18) = -18, et dans l'hypothèse haute, le solde est de (10+7) - (17+40) = -40. La population d'Epierre, dans l'hypothèse optimiste, serait tombée en 2 ans de 352 à 334 habitants, et dans l'hypothèse pessimiste à 312 habitants. Par la suite, cela suppose aussi un rebond pour rattraper ce déclin démographique et passer au pire de 312 habitants en 1631 à 440 habitants en 1655. Le calcul donne sur cette période de 24 ans une croissance annuelle moyenne de la population d'Epierre de 1,44%, ce qui implique un solde naturel et un solde migratoire tous les deux positifs.
Pour la seconde pointe du graphique des sépultures qui culmine à 18 décès en 1653-1654, cela peut s'expliquer par une série de mauvaises récoltes depuis 1649, en liaison conjoncturellement avec les caprices de la météo, et plus structurellement avec la modification du climat liée au "petit âge glaciaire"***. Il en résulte en Savoie des disettes et des pauvres qui meurent de faim par milliers. 18 enterrements à Epierre en 1653-1654, cela correspond à un triplement par rapport à la moyenne de la période 1644-1655. Sur la commune voisine d'Argentine qui connait aussi une importante activité industrielle, avec des populations fragiles, on enregistre une pointe de 99 enterrements en 1653-1654, soit une multiplication par 2,44 de la moyenne des enterrements sur la période 1644-1655. Sur Saint-Pierre-de-Belleville, il y a 20 enterrements, soit une multiplication par 1,71 par rapport à la moyenne. À Saint-Léger, on compte 15 enterrements, soit une multiplication par 1,60. Seule La Chapelle connait une situation inférieure à la moyenne avec seulement 7 enterrements, mais elle avait subi un doublement des décès pendant les deux années 1648-1650.
Les familles d'Epierre selon la taille et le statut en 1655
Les familles d'Epierre selon le sexe et l'âge en 1655
La population d'Epierre estimée à 416 personnes identifiées le 4 avril 1655 se répartit en 210 femmes (50,5% du total) et 206 hommes (49,5% du total). Le léger déséquilibre en faveur des femmes est classique, il s'explique par une espérance de vie un peu plus longue. Les tranches d'âge sur la pyramide sont de 5 ans. Il n'a pas été retenu une représentation plus fine, car l'estimation des âges concerne toutes les personnes nées avant 1622 et celles nées pendant les 17 années d'absence de registres de 1622 à 1655, ce qui fait beaucoup de personnes et donc beaucoup d'approximations. Compte tenu de toutes ces imperfections, la forme irrégulière de la pyramide n'est pas explicable dans le détail. On observe une double échancrure pour les générations âgées de 15 à 29 ans et pour celles âgées de 40 à 49 ans qui reflète probablement une moindre natalité et une plus forte mortalité pour ces générations. Si l'on découpe la pyramide en trois étages, le premier étage des moins de 25 ans représente 47,4% de la population, l'étage central des 25 à 49 ans représente 41,1%, et le dernier étage des 50 ans et plus est une pointe ne représentant que 11,5% de la population. L'âge moyen de la population d'Epierre au 4 avril 1655 est de 25,4 ans*, les personnes âgées sont rares, car l'espérance de vie est faible.
Les familles d'Epierre selon les prénoms en 1655
Les familles d'Epierre selon les noms en 1655
Le tableau ne peut pas présenter l'intégralité des patronymes, car 61 noms de jeune fille d'épouses ne sont pas connus, cela représente 57% du total des épouses et veuves et 14,7% des 416 habitants.
On observe une relative concentration des noms, car les 26 premiers noms (soit un quart du stock) rassemblent 45,4% des habitants. Il est assez logique de retrouver aux quatre premières places des familles qui étaient déjà présentes à Epierre en 1561 : PERRIER, COLLOMBET, LIONNAZ, MAGNIN. Sur 106 noms de familles, seulement 10 datent de 1561, cela traduit l'important renouvellement de population à Epierre sur un siècle. Cet ensemble de noms anciens (en orange) rassemble cependant 83 individus, soit 20% des habitants d'Epierre. En fonction des informations disponibles, on a identifié 12 noms de familles qui remontent avant 1622 (sur fond blanc). Sans tous les citer, on peut retenir les noms de BÉ, FALCOZ, FAVERGEAT, L'HOPITAL, SALOMON qui vont jouer un rôle important à Epierre pendant plusieurs siècles. Mais l'essentiel des noms de familles datent d'après 1622 (sur fond gris). Ces 84 noms rassemblent près de la moitié de la population (49,7%). L'absence d'actes de baptême avant 1622 et les lacunes dans les actes de mariage après 1622 font que les origines géographiques des noms de familles (première colonne) comportent de nombreux points d'interrogation. On retiendra que le plus souvent les noms proviennent de Maurienne, les cas plus éloignés sont rares : Chamoux, Francin, Ugine pour le reste de la Savoie et quelques exemples provenant probablement de France (Bourgogne) et d'Italie (Piémont, Lombardie).
Les noms sur un fond en vert foncé désignent mes ascendants directs (les numéros Sosa sont visibles dans mon arbre généalogique sur le site de Geneanet). Les noms sur fond vert clair sont ceux des épouses qui sont connus.
Les noms écrits en bleu désignent des familles de notables : en dehors de la famille noble DE LA VILLANE (voir plus loin) et du mariage en 1639 à Chamoux-sur-Gelon de Claude SALOMON, maître de poste d'Epierre, avec noble Jacqueline DEGALIS, les autres sont des roturiers, mais qui ont une aisance financière ou un certain prestige social. Le décompte avance 15 noms de familles qui rassemblent 10,3% de la population, mais cela reste très approximatif. En effet, les registres paroissiaux de l'époque ne permettent pas de construire une analyse fine de la hiérarchie sociale. Les professions sont très rarement renseignées, à l'exception des notaires désignés sous le terme d'égrège (exemple du mariage à La Chambre en 1651 d'égrège Guillaume MESSIER d'Epierre avec Françoise fille de feu égrège François CONTE de la Chambre) ou de maître ferrier (exemple de Jean Pierre GERVASON, habitant Epierre et parrain en 1628). La désignation d"honorable" est aussi un indicateur que l'on peut rencontrer (exemples de la famille RUFFIN : honorable Roch RUFFIN né vers 1600 est parrain en 1654, honorable Bernard RUFFIN né vers 1610 est parrain en 1648 et témoin de mariage en 1655).
Signalons pour finir que les noms écrits en rouge sont ceux pour qui l'orthographe est incertaine.
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La noble famille DE LA VILLANE
Monographie historique de la Basse-Maurienne en Savoie par Camille-Gabriel FORAY, greffier de justice de paix du canton de St. Jean, secrétaire de la Société d’histoire et d’archéologie de La Maurienne, auteur de plusieurs essais historiques insérés dans les journaux de la Savoie, et d’un grand nombre d’articles relatifs à des travaux d’utilité publique. Page 73.
V. Nobiliaire des Urtières et d’Epierre (titre page 281)
" A Epierre , une famille de Lavillane exista dès le XVe siècle jusqu'à la fin du XVIIe. Gabriel de Lavillane , comte du Tours et du Bois, était baron du Val-d'Epierre en 1639. Il avait épousé damoiselle Jeanne-Louise Brunet, fille de noble Jean Brunet, veuve en premières noces de noble Jean de Lyvron , seigneur de Bordeaux. De cette union naquirent deux fils , Gaspard et Claude. Cette famille s'est éteinte vers 1670, car noble Charles-Emmanuel de Ville , seigneur du Fontanil et du Villaret , conseiller de S. A. R. le duc de Savoie , sénateur à Chambéry, en avait déjà hérité cette baronnie en 1674. Gabriel de Lavillane était commandant pour le service de S. A. le duc de Savoie au château de Chambéry. Suivant des actes de reconnaissance du 24 août et du 13 septembre 1626 , reçus au château d'Epierre par le notaire ducal Claude de Duingt, de la ville de La Chambre , en qualité de commissaire rénovateur des extentes et recognoissances en la baronnie d'Epierre , on est sûr que les Lavillane furent feudataires des comtes de La Chambre.
Le château qui domine la jolie bourgade d’Epierre n’a été bâti par les seigneurs de La Chambre que dans le XVe siècle , puisqu'il n’est pas énoncé dans la charte du 19 février 1415. (Voir le document.) Son architecture est du style roman . Divisé par un vaste préau en deux quartiers, dont l'un , au levant , servait de prison (domus fortis) , de guet et de beffroi , l'autre , au couchant , servait d'habitation , pourvu de vastes salles d'armes , de salons, de chambres, de cuisines et d'écuries voûtées, il paraîtrait qu'on ne l'habitait qu'en temps de villégiature, le domicile habituel des Lavillane étant à Chambéry. En effet, en parcourant les registres paroissiaux dès 1600 à 1790, je n'ai trouvé que le décès de dame Paule Lanfrey , veuve de noble Gaspard de Lavillane , sous la date du 20 octobre 1658 , et sous celle du 17 janvier 1647 (*) l'assistance de noble Claude de Lavillane au mariage de Jean-Louis Decour, de St-Pierre d’Urtières, son emphytéote.
Les barons de Ville ou leurs successeurs, les Francoz et les Favergeat, ont à regret laissé tomber en caducité ce château, qui avait cependant des formes et des proportions massives, régulières, dignes encore de l’attention des archéographes.
Enfin les Lavillane n’ont laissé aucun souvenir, aucun monument historique dans la vallée d’Epierre, où leur écusson n’a pas même été retrouvé."
(*) Note de Luc Fessemaz : il semble qu'il y ait 3 confusions, le mariage a lieu à Epierre et non Saint-Pierre-de-Belleville, en 1648 et non en 1647, et le témoin est Gaspard et non Claude de Lavillane...
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