Testament de Michel Fecemaz vice-prieur du prieuré de Saint-Julien, en date du 24 mai 1654
Transcription du testament
Au nom de Dieu soit amen.
L'an de grâce courant mille six cent cinquante quatre et le vingt quatre mai
par devant moi notaire ducal soussigné, et présents les témoins bas nommés,
ceci personnellement établi, et constitué Révérend Messire Michel Fecemaz
prêtre vice-prieur au prieuré du présent lieu de St. Julien, originaire de
Beaune. Lequel étant détenu de maladie corporelle, sain néanmoins de ses parole
et mémoire, et entendant grâce a Dieu ainsi qu'a apparu à moi notaire et
témoins désirant (…) entre ses parents par manquement de disposition de ses
biens. A cette cause a fait son testament
nuncupatif, disposition et ordonnance de dernière volonté nuncupative à la
forme que s'ensuit. En premier après s'être armé du signe de la Ste. Croix sur
son corps disant in nomine Patris, et Filii et Spiritus Sancti Amen,
a recommandé son âme à Dieu le Créateur, à la Sacrée et glorieuse Vierge Marie
adorante de tous pêcheurs, à Monseigneur
St. Michel son patron, et St. Pierre, et généralement à toute la cour célestielle
du glorieux royaume de paradis. Et après ordonne être l'âme séparée de son
corps avant la sépulture de celui-ci, être récité le psautier de David par les
prêtres du lieu où il décédera. Item ordonne le jour de son enterrage être
célébré six messes l'une de l'office du St. Esprit, une du St. Sacrement de
l'autel, autre de la Ste. Trinité, autre de St. Michel, autre de St. Julien et
la dernière de(s) trépassés à haute voix. Et fait les prières et oraisons
accoutumées, item être fait le luminaire (…)
et pour ses prêtres, et a la bonne volonté et discrétion des ci après
nommés. Item être faite sa neuvaine dans l'Eglise du lieu où il décédera à la coutume
dudit lieu, et comme à prendre de telle condition que lui testateur, et à la
fin d'icelle être dites, et célébrées autres six messes de même office que le
jour de l'enterrage. Item à la fin de l'an de son décès doivent être célébrées
autres six messes de même office, l'une de l'office ordinaire de la vierge
Marie, une de l'Ange gardien, une de St. Maurice, une de St. Jean-Baptiste et
deux des défunts, une a haute voix, et fait la communion sur son tombeau le
jour au lieu ou il décédera. Item lègue un flambeau de cire blanche à la
confrérie du St. Sacrement de l'autel du présentoir, et valeur que plaira au ci
après nommé qu'il s'en charge de faire ses funérailles. Item lègue un missel à
la chapelle du village du Mollard paroisse de Beaune. Item veut et ordonne, il
sieur testateur, être faite une aumône aux pauvres de Dieu, et décide au
prieuré lieu de St. Julien sera distribué à chacun d’eux, demie livre pain et
de demi truchon de vin, et décide en dit lieu de Beaune sera distribué ledit
pain et en place du vin sera donné du potage à la forme et coutume du lieu, et
pour tout ce dessus tout être payé et supporté par ses héritiers bas nommés.
Item des biens que plait à Dieu lui prêta en ce mortel monde en a disposé comme
ci après. A savoir qu'il fait et institue son héritier particulier le
révérendissime et illustrissime seigneur évêque de Maurienne son prélat, en la
somme de dix florins monnaie de Savoie, que lui sera payé dans l'année de son
décès moyennant laquelle il le pris se vouloir contenter, le privant et
excluant du surplus de son hoirie (héritage). Item il testature et institue ses
héritiers particuliers, Claudaz sa sœur femme de Michel Fecemaz dudit Beaune,
et les enfants de feue Jeanne Fecemaz vivant son autre sœur et de Blaise Magnin
de la Villette, chacun en la somme de six sols et tous autres prétendants droit
à son hoirie aussi moyennant semblable somme de six sols que leur sera payé
comme dessus dans l'année de son décès. Et par ce qu’elle institue ... (?), et
fondement de tout valable testament sans laquelle tout testament serait nul et
caduc cette cause, il sieur testateur a fait institué, et de sa proche bouche
nommé et dire être ses héritiers universels, à savoir honorables Jaquemoz et
Claude Fecemaz ses frères dudit lieu de Beaune et eux prédécédés à leurs
enfants. Comme ci après savoir chacun par moitié en biens étant tant de son paternel
que maternel sans rien excepter. Et le dit Claude seul en tous les biens
meubles, immeubles, droits, noms et actions quelconques qu’il a tant de ses
acquis que de ses épargnes ou qu’ils soient situés, et en quoi qu’ils consistent
sans rien excepter, ni refermer s'entend aussi meubles vifs et morts, notamment
en maisonnée en tout qu’il a de particulier ledit lieu de Beaune, et village du
Mollard, et tout meuble vifs, et morts portes serrées. Item d'une vigne sise au
vignoble de St. Julien lieudit aux Constantières acquise des hoirs de Pierre
Vanier (?), d'autre situé au même vignoble et sous la Maladière dudit lieu
acquise de Martin Jactoz, et d'autre vigne sise au vignoble de St. Martin la
Porte acquise de Pierre Plaisance du
village dudit Mollard paroisse de Beaune, soustrait et refermé dudit meuble
deux tonneaux d'environ trois sestiers (?) qu’il lègue au dit Jaquemoz, et des
dits biens leurs cousins tenus ici pour exprimé. Et ces faits pour récompenser
ledit Claude des peines et labeurs qu’il a pris et son ménage à le servir jusqu’à
présent, aussi est ici telle sa volonté par lesquels les héritiers vont être
payées tous dettes, funérailles et prestances par lui ordonnées, à savoir par
ledit Claude (# tous les dettes et le reste par moitié) et balliant par le
ledit Jacquemoz la somme de deux cents florins audit Claude a prendre en argent
ou en fonds desdits paternels et maternels, le tout sans figure de procès, pour
l'effet de quoi il oblige tous ses dits biens sous clause de constitué requise,
déclarant il sieur testateur n’avoir fait par ci devant aucun testament codicille,
et en acte de dernière volonté contraire au présent. Et ou il s’en trouverait
quelqu'un, il le casse, révoque et annule par le présent. Voulant celui-ci son
testament être le dernier acte de dernière volonté qu’il vaut valoir parce droit
de testament. Et ou par ce droit il ne pourrait subsister, veut qu'il soit
valable par droit de codicille, et ... (?)
fait à cause de mort et par tous autres moyens qu’il pourra mieux valoir
selon les lois, et canons civils.
Requérant les témoins ci après (…) d’être recordés (…),
et moi notaire lui en concéder acte au
profit de qui appartiendra que je lui ai concédé, fait et passé en St. Jullien
dans ledit prieuré, présents vénérable Jean Brun prêtre et vicaire, spectacle
Henry Dufaux docteur en médecine de la cité de Maurienne, honorable Pierre
Viottoz, Pierreau Creter (...), Pierre fils de feu (*Maurice Baben et Jean fils
de feu ) George Vocrin d'Orelle, et Gabriel fils de feu François Lazard dudit
Beaune, et tous requis, et appelés,
nommés et connus par le dit sieur testateur. Signés sur la minute M. Fecemaz
testateur, Messire Jean Brun puis, Dufaux puis Viottoz, (* et # c.d) puis, et
moi Jacques Givaud notaire ducal habitant audit Saint-Julien au requis (...)
facoy que x mains soit serrées (?).
Acte de décès du 27 mai 1654 du vénérable Michel Fecemaz
vice-prieur de Saint-Julien
Le testament de Michel Fecemaz du 24 mai 1654, trois jours avant son
décès
En Savoie, pays de droit
écrit, il n’était pas nécessaire d’être noble ou bourgeois pour faire son
testament, le simple paysan en faisait un voire plusieurs. Le contenu du
testament est fortement marqué par la religion, cela n’a rien de surprenant
pour un prêtre, mais cela est aussi valable pour le commun des mortels. Dans le
partage des biens, c’est le principe de la libre institution d’héritier qui
l’emporte sur le principe du partage égalitaire. La plupart des testaments sont nuncupatifs, c’est à dire que le testateur
dicte ses dernières volontés au notaire qui les met en forme devant au moins
sept témoins. A partir de 1697 et jusqu’à 1792, les testaments sont enregistrés
dans leur intégralité dans le tabellion.
Le testament commence
toujours par l’indication de la date et du lieu de sa rédaction, il s’agit ici
du 24 mai 1654 et du prieuré de Saint-Julien. On peut supposer que l’on se
trouve dans la chambre de Michel Fecemaz et qu’il est alité. Le testament
précise son état physique et mental : « détenu de maladie corporelle,
sain néanmoins de ses parole et mémoire ». Il n’est pas précisé la nature
de la maladie qui le frappe, mais on peut penser qu’elle est à un stade avancée
car le décès intervient seulement trois jours plus tard. Dans leur
construction, les testaments de l’époque se ressemblent tous. Le testateur
commence par se préoccuper du salut de son âme et des honneurs que l’on doit
rendre à son corps. Il fait d’abord le signe de la croix en prononçant la
formule rituelle « in nomine Patris, et Filii et Spiritus Sancti Amen » et
se recommande à Dieu, à la vierge Marie, à St. Michel patron dont il porte le
nom, à St. Pierre et « à toute la cour célestielle du glorieux royaume de
paradis » pour avoir toutes les garanties.
Le testament entre ensuite
dans le moindre détail des services religieux : récitation du psautier de
David, (livre des Psaumes), célébration de six messes le jour du décès,
organisation de la neuvaine (dévotions pendant neuf jours), célébration de six
messes la première année de son décès…
Viennent ensuite des
précisions sur les legs que le testateur entend faire. Il y a d’abord les legs
aux pauvres de Dieu pour signifier le respect et la soumission du testateur à
l’égard du créateur. L’aumône consiste en la distribution de pain, de vin ou de
soupe pour l’aumône. Le testateur respecte ensuite la tradition qui fait que
les prêtres lèguent quelques sous à leur évêque. Il pense également à sa
paroisse de naissance en léguant un missel à la chapelle du Mollard à Beaune.
Viennent ensuite les legs à
ses deux sœurs comme héritiers particuliers,
sa sœur cadette Claudine Fecemaz (±1610-1671) et les enfants de sa sœur
aînée Jeanne (±1600) car celle-ci est décédée depuis 1641. Dans le partage, les
filles mariées n’ont droit qu’à quelques sous – ici la somme de six sols -, car
elles sont déjà dotées. Il est prévu également la même somme pour les personnes,
non citées dans le testament, qui prétendraient après le décès du testateur à
une part de l’héritage.
Pour terminer, Michel
Fecemaz fait de ses deux frères Jacques (±1605-1671) et Claude (±1610-1682) ses
héritiers universels. Le partage est par moitié pour les biens que Michel a
hérités de son père et de sa mère, par contre pour ses biens personnels seul
Claude en hérite pour le « récompenser des peines et labeurs qu’il a pris
et son ménage à le servir ». Dans cette partie de l’héritage figure entre
autre une maisonnée au village du Mollard et trois parcelles de vigne, deux à
Saint-Julien et une à Saint-Martin. Claude en contrepartie doit acquitter
l’intégralité des dettes et partager par moitié avec Jacques les frais des
funérailles et autres prestations.
Le notaire
boucle la rédaction par la formule classique indiquant que ce testament «
casse, révoque et annule » tous autres testaments et codicilles. Il
indique ensuite la liste des témoins, parmi lesquels on trouve un prêtre et un
médecin. Le seul témoin dont on peut indiquer les repères biographiques est
Gabriel Lazard, fils de François Lazard de Beaune, né vers 1620, marié le 22
novembre 1640 avec Claire Fecemaz (±1615-20/05/1679) et décédé à Beaune le 21
décembre 1671. Cette présence peut se justifier par le fait que sa femme Claire
est une sœur de Fecemaz Michel (un homonyme, cousin au cinquième degré),
lui-même marié avec Claudine Fecemaz, la sœur de notre vice-prieur.
Michel Fecemaz
ne survivra que trois jours à la rédaction de son testament, il décède au
prieuré de Saint-Julien le 27 mai 1654, âgé d’un peu plus de 50 ans. En tant
que prêtre, il n’aura pas de successeur au sein de la famille Fecemaz. Claude
Fecemaz, son frère et principal héritier, après plus d’une dizaine d’années
passées à Saint-Julien pour servir son frère vice-prieur doit quitter les lieux
et s’en retourne avec sa famille vivre à Beaune. Un inventaire des Archives de
Savoie signale qu’en 1663, Jean Assier cosyndic de Beaune à délivré un mémoire
à Claude Fecemaz et à Antoine Costerg, procureurs de la communauté, pour aller à
Chambéry traiter avec le sieur d’Avrieux de l’acquisition des fiefs de la
Balme. Je ne sais pas quel est le
contenu de ce document car je n’ai pas eu l’occasion de le consulter. Jeanne
Albrieu, la femme de Claude décède le 23 avril 1681 âgée d’environ 65 ans, et
Claude Fecemaz décède à son tour à Beaune, le 30 janvier 1682, âgé de plus de
70 ans.
Extrait des pages 80 et suivantes de l’Histoire des Fecemaz de Beaune, Luc
Fessemaz, octobre 2013.
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